Page 26 - Fondation AWB - Collector 2017
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Question de Mme?Nezha Guessous,
       Professeur de Droit

          Merci a la Fondation Attijariwafa bank pour cette
          merveilleuse rencontre. Mon intervention s’inscrit
          dans la continuite de celle de notre ami Ali Serhani.
          C’est un livre qui ne se lit pas d’un seul coup,
          mais qui se deguste. Ce livre m’interpelle sur
          plusieurs points, et nous en avions parle avec
          toi, Driss, pendant que tu y travaillais.
          D’abord ce long monologue de l’enfant asthmatique
          a la porte de l’hopital Ibn Rochd ou j’ai travaille
          plus de 25 ans. Cette reflexion autour de l’enfant
          est a mon sens extraordinaire. Cela rejoint ce que disait Driss Jaydane par rapport a l’etouffement
          de l’etre humain par l’asthme et son besoin vital de respirer.
          Tu allies a la fois un style romanesque et poetique, le tout avec beaucoup de philosophie. On y percoit
          aussi ton gout pour les repliques theatrales. Mais ton roman est aussi tres didactique puisque tu
          prends le soin de resumer les positions et la pensee d’Averroes en plusieurs points, comme le
          ferait un enseignant face a ses etudiants. Le lecteur est surpris par ces syntheses, mais aussi par
          les intertitres.
          A present, j’en viens a l’aspect historique du livre. Je t’avais demande s’il s’agissait d’un roman
          historique. Tu m’avais dit «?non?». J’ai lu ton livre peu de temps apres «?Le medecin de Cordoue?»
          d’Herbert Le Porrier qui traite de la vie du philosophe et medecin, Maimounide.
          Les deux livres me font poser la meme question?: quelle est la part de l’Histoire et la part du
          romanesque dans ce que vous avez retranscrit dans ces deux romans?? Ou est le mythe et ou se
          trouve la realite??
          Je reviens a Herbert Le Porrier qui fait dire a Averroes dans son livre «?Le medecin de Cordoue?»,
          une critique de la sexualite telle qu’elle est traitee dans la pensee musulmane, y compris dans le
          Coran. C’est une critique extremement avancee, meme de nos jours. Est-ce le fruit de l’imagination
          d’Herbert Le Porrier ou est- ce le fruit des ecrits d’Averroes??
          Je suis tres heureuse d’avoir entendu le discours optimiste de votre generation prononce tout a l’heure
          par Driss Jaydane. La generation qui vous precede qui a vecu l’enthousiasme post-independance,
          les annees de plomb, et la foi en un Etat moderne, a sans doute plus de raison d’etre decue car
          elle avait cru a une avancee reelle et profonde, mais entre-temps, elle a constate un reflux. Raison
          pour laquelle elle ne percoit sans doute pas avec le meme optimisme, les aspects positifs que vous
          mentionniez tout a l’heure.
          Driss, tu dis a la page 173 de ton roman, une chose tres importante?: «?Les raisons de faire regner la
          deraison ont toujours existe et existeront toujours.?» Elles n’ont pas trait uniquement a l’opposition
          entre Foi et Savoir?; mais aussi entre Foi et Raison.

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