Page 165 - Fondation AWB - Collector 2017
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M. Badr Alioua

Je suis parfaitement d’accord avec l’analyse           indirectement un rencherissement du cout de la
globale de la Banque mondiale. En revanche,            main-d’oeuvre, entrainant par la meme occasion
mon propos precedent comparait le present              une autre problematique, celle de la croissance.
rapport a ceux des grandes institutions sur les        En fait, tous ces pays emergents ont la meme
autres pays emergents. Bien entendu, le degre          problematique, celle de devoir monter en gamme
de gravite varie d’un pays a l’autre.                  via l’Education. Et sur ces aspects, nous sommes
Comme l’a rappele tout a l’heure M. Marrakchi,         en accord. Le but de mon intervention etait plutot
lorsque la competitivite globale de l’economie         de dire que ces defis ne constituent pas une
repose sur la competitivite de la main d’?uvre, toute  raison pour ralentir l’effort en investissement, a
augmentation du revenu impacte negativement            condition evidemment de maintenir les equilibres
cette competitivite. De fait, lorsque le Maroc         et d’ameliorer significativement l’epargne.
essaie d’ameliorer la productivite, l’on constate

M. Jean-Pierre Chauffour

Je voudrais reagir par rapport a ce point qu’a         se trouve donc dans l’obligation de trouver
souleve M. Alioua. Ce rapport ne recommande            d’autres relais de croissance, au risque de voir
pas le ralentissement des investissements. Mais        son niveau de croissance baisser durant les
le diagnostic que nous posons concerne l’avenir.       prochaines annees. D’ailleurs, ce phenomene
Malgre la relative efficacite de l’accumulation        est deja enclenche. Afin de maintenir son niveau
du capital durant les quinze dernieres annees,         de croissance, voire l’augmenter, les relais de
il sera difficile pour le Maroc de reproduire          croissance qui s’offrent au Maroc sont de deux
ce meme schema, avec ces memes niveaux                 ordres.
d’investissements durant les annees prochaines.        D’abord l’emploi. Le Maroc doit reussir a relancer le
Le taux d’investissement a bondi de 20 a 35?%          taux d’activite, en redressant le taux de participation
du PIB durant cette periode?; il sera difficile de     a l’economie de 45 a 55?%, notamment via l’emploi
passer de 35 a 50?% sur les quinze prochaines          des femmes. Le taux actuel d’emploi des femmes
annees. Aucun pays dans le monde n’a encore,           au Maroc approche a peine les 25?% contre 65?%
jusque-la, investi a hauteur de 50?% de son PIB.       en Malaisie. Le Maroc peut donc faire le pari de
Compte tenu du niveau eleve de l’epargne, et           porter ce taux de participation des femmes de 25
afin de preserver les equilibres exterieurs, il y a    a 50?% dans les 25 prochaines annees, a raison
une limite a l’investissement. D’ailleurs, le taux     d’1?% d’augmentation par an. Ce challenge ne
d’investissement actuel du Maroc est eleve, en         sera certes pas facile a relever, mais si le pays
comparaison aux autres pays. Et le pays ne peut        cree les conditions pour redonner un role aux
continuer a augmenter indefiniment son niveau          femmes dans la vie economique, cet objectif est
d’investissement.                                      accessible. Et ce facteur constitue un fort levier
Pour la Banque mondiale, le Maroc doit maintenir       de croissance pour le pays. L’emploi prendra
ces niveaux d’investissement. Mais l’acceleration      ainsi le relai de l’investissement.
des investissements qui a constitue le moteur          Ensuite, la productivite. L’enjeu de la productivite
de la croissance du pays ces dernieres annees          est tres important. Et vous avez raison de dire,
ne pourra plus fonctionner a l’avenir. Le Maroc

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